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sainte-trinite le 09/03/2020
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Par sainte-trinite, le 10.03.2020
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Par sainte-trinite, le 11.02.2019
Date de création : 22.08.2018
Dernière mise à jour :
09.06.2019
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Polémique Onfray -Salamito
Sur la question de l’historicité de Jésus, une prise de bec a opposé Michel Onfray, auteur de Décadence, et Jean-Marie Salamito qui lui oppose une réfutation : Monsieur Onfray au pays des mythes 1.
Je me propose ici de réfuter la réfutation. Bien évidemment, la critique que j’adresse à M. Salamito est totalement indépendante de ce que pourrait penser ou dire M. Onfray, qui d’ailleurs défend plutôt maladroitement la thèse de la non-existence de Jésus. Je prends la réponse de M. Salamito pour ce qu’elle a de général, car, comme il l’écrit p.18 « il n’existe à peu près aucune chance pour que Michel Onfray (ouquiconque) ait raison à lui seul, ou presque seul, contre toute la communauté scientifique(sic) internationale ».Je me permettrai donc de répondre au titre du quiconque que je suis.
M. Salamito estime que nier l’existence historique de Jésus constitue «un défi à la vraisemblance» (p.15). En effet, « s’il n’a jamais existé, qui l’a inventé ? Quel extraordinaire génie a créé ce personnage apte à résister à la critique historique depuis plus de deux siècles (…) N’importe quel chercheur sait qu’entre deux hypothèses, il doit choisir la plus simple, la plus économique, la plus vraisemblable. Plutôt que d’imaginer un génial inventeur de Jésus et de son enseignement, n’est-il pas plus rationnel et plus raisonnable d’admettre, comme le font tous les spécialistes, qu’un certain Jésus de Nazareth a effectivement existé ?(p.34-35)
Et de conclure : « C’est la théorie de la non-existence de Jésus qui est un mythe. » (p.40)
Reprenons les différents termes soulignés
Défi
L’existence de Jésus est-elle à ce point attestée par l’histoire que ce serait un défi de la contester ?
Un personnage antique, plus antique que Jésus, Ramsès II par exemple, nous a laissé sa momie. Son cartouche est inscrit sur de nombreux monuments. Les textes qui parlent de lui sont innombrables. Nous connaissons ses parents (Séti Ier et Moutlouya) et ses grands-parents paternels (Ramsès Ier et Satrê). Nous pouvons citer plusieurs de ses épouses et de ses enfants. Différents éléments de sa vie sont bien connus, notamment des batailles et des conquêtes. Ce serait un véritable défi de contester l’existence de Ramsès II.
Que nous a laissé Jésus de comparable ? Rien. Aucune trace, aucun écrit. Pas même son corps. Le défi, ce serait plutôt de prouver son existence au-delà des affirmations péremptoires.
Vraisemblance
L’existence de Jésus est-elle vraisemblable ? Il faudrait que M. Salamito, en tant qu’historien, nous décrive davantage le personnage auquel il fait référence, et nous dire si notamment, il distingue un Jésus historique du Christ de la foi. Car le terme de vraisemblance n’est pas celui qui vient spontanément à l’esprit s’agissant des éléments essentiels du personnage de Jésus tels que nous le connaissons : ses origines, sa naissance, ses miracles, sa résurrection, et surtout son statut. Car Jésus peut-il être Jésus sans être en même temps Jésus-Christ, fils de Dieu et Dieu lui-même ?
M. Salamito estime-t-il que la vraisemblance penche du côté d’un Jésus, Christ, Verbe, Sauveur, Seigneur, Dieu, fils de Dieu, né d’une vierge, qui marche sur l’eau, ressuscite des morts, change l’eau en vin, ressuscite lui-même après sa mort, monte au ciel et se trouve actuellement assis à la droite du Père ?
Et qui aurait néanmoins réellement vécu sous Tibère ?
Inventé
Non, Jésus n’a pas été inventé, pas plus que les milliers d’autres dieux. Quelqu’un a-t-il inventé les dieux de l’Olympe, Jupiter et Neptune ? Qui a inventé Isis, Osiris ou Mithra, Thor ou Odin ? L’interrogation de M. Salamito pourrait concerner n’importe quel dieu. La réponse est simple : comme tous les dieux, Jésus-Christ est le résultat d’une construction humaine progressivement réalisée dans le temps. La construction de Jésus, décrit dans son humanité par les évangiles, élaboré dans sa divinité par les conciles, a pris en définitive près de huit siècles. Et la construction du dogme chrétien n’est toujours pas terminée puisque les conciles modernes s’attachent à préciser le statut de Marie.
Génie
Non, aucun génie n’a oeuvré à la fabrication de Jésus. Les chrétiens ont tâtonné pendant des siècles. Qui était-il ? Un homme progressivement divinisé ? Un dieu progressivement humanisé ? Pendant des siècles, de très nombreux chrétiens ont cru à propos de lui des choses très divergentes. Les Docètes, les Marcionistes, les Gnostiques, les Ariens ont nié la réalité de son existence physique et historique. Aucun génie n’a inventé Jésus qui n’est que le résultat d’une construction humaine, à l’instar de toutes les constructions religieuses. On a longtemps pensé que Mithra avait réellement vécu, de même que Guillaume Tell. De nos jours, on s’interroge très sérieusement sur la réalité de l’existence historique de nombreux autres personnages cités dans la Bible.
Critique historique
La critique historique n’aurait donc pas réussi à venir à bout du personnage. Mais de quoi parle-t-on ? En deux siècles, tous les piliers de l’édifice ont été dynamités. Les affirmations dogmatiques de l’église sont aujourd'hui à l’état de lambeaux. Plus personne n’oserait soutenir la version encore écrite dans nos catéchismes officiels, à savoir que l’Écriture renferme la parole de Dieu et que les Évangiles ont été inspirés à quatre évangélistes par le Saint-Esprit. Tous les exégètes savent depuis longtemps que les évangiles n’ont pas été écrits par les auteurs à qui ils ont été attribués, qu’il n’ont pas été rédigés aux dates avancées, qu’il ont été réalisés en plusieurs strates, à partir de matériaux antérieurs disparus, et que les textes qu’on connaît aujourd'hui ont une longue préhistoire.
Les documents primitifs sont de mieux en mieux connus et ont pu faire l’objet d’une reconstitution. On a reconstitué l’évangile de Marcion, le proto-évangile de Marc, la source Q des paroles de Jésus. D'autres documents encore. Et à quelle conclusion arrive-t-on ? Que les sources les plus anciennes ne connaissent pas les récits de la passion et de la résurrection ! Que reste-t-il de Jésus sans la Passion et la résurrection ? Même Marc et Jean ignorent sa naissance et font débuter sa biographie par son baptême à l’âge adulte. Si on ne lit que Marc et Jean, on ne sait pas que Jésus est né à Bethléem d’une vierge. Et si on ne connaît que Jean, on ne sait pas non plus qu’il a été baptisé par Jean-Baptiste.
L’application systématique de l’informatique aux sources disponibles permet désormais de repérer les ruptures de styles, d’identifier les strates, de distinguer les auteurs. De telles méthodes permettent par exemple de prouver que le Testimonium Flavianum est un ajout postérieur de deux siècles. Les absences d’attestation dans tel ou tel codex nous renseignent sur les révisions et les ajouts. Des chapitres entiers sont désormais considérés comme inauthentiques.
Les historiens sont incapables de dater l’événement le plus spectaculaire, et de plus public, qui est la mort de Jésus. 7 avril 30 ou 3 avril 33 ? Moins de vingt ans plus tard, Paul visite les premières communautés chrétiennes et personne ne semble le savoir ni même s’en préoccuper.
Le dernier argument qui reste aux défenseur de l’historicité de Jésus est : « nous ne savons rien de Jésus sinon qu’il a existé. » C’est faible.
Il faut choisir la plus simple
C’est en effet un des principes de l’exégèse : entre deux leçons, la plus simple, la plus courte est généralement la meilleure. Sauf que l’église n’applique pas cette méthode et préfère cumuler les traditions en reprenant tous les épisodes de la vie de Jésus, et réaliser ainsi un super-évangile que personne n’a jamais écrit.
Choisir la solution la plus simple, la plus économique et la plus vraisemblable, cela revient à constater en regardant par sa fenêtre que c’est bien le soleil qui tourne autour de la Terre ou que les étoiles sont des objets de très petite taille.
Quand on ne connaît pas les parents de Jésus, faut-il suivre la solution la plus simple, la plus économique et la plus vraisemblable qui est de faire confiance à l’église qui nous dit qu’il est né du saint-Esprit ? Et qu’il serait ainsi le seul être humain à ne pas avoir de grands-parents paternels ?
Enseignement
Que nous reste-t-il de l’enseignement de Jésus ? De jolies formules qu’on retrouve dans les évangiles, la plupart faisant partie du patrimoine moral et philosophique de cette époque. Qu’ont dit Jésus, Paul et d’autres chrétiens ? Que la fin du monde était proche et que le Messie allait revenir. « cette génération ne passera pas… etc. » Jésus voulait débarrasser le judaïsme des excès de formalisme et de ritualisme dans lequel des sadducéens et les pharisiens l’avaient conduit. Qu’en reste-t-il ? Le christianisme n’a même pas réussi dans son propre pays où les Juifs sont restés juifs. Il n’existe aucune trace de christianisme dans cette région depuis la mort de Jacques le Juste, frère de Jésus dit Christ, en l’an 62. Quant à Jésus, quelle était sa religion ? À l’origine, il est juif sans doute de tendance pharisienne, puis il se convertit par le baptême de Jean à un mouvement de nature essénienne-apocalytique. Les origines esséniennes sont visibles dans les deux sacrements cités par les évangiles : le baptême par immersion et l’eucharistie qui sont des pratiques esséniennes. S’il revenait, il n’est pas du tout évident que Jésus serait chrétien.
Tous les spécialistes
Ah, les fameux spécialistes et autres experts ! Mais spécialistes de quoi ?
M. Salamito, vous oubliez de dire que les spécialistes dont vous parlez sont des professeurs dans des facultés théologiques, que leur spécialité, c’est le nouveau testament et l’histoire du christianisme. Parce que ce sont avant tout des chrétiens très engagés et que leur discours n’est pas neutre. Des professeurs ou des exégètes religieux chercheurs.
Ce qui ne les empêche pas souvent de conduire leurs travaux avec beaucoup de sérieux, quitte à mettre une sourdine au moment de publier leurs conclusions. L’école biblique de Jérusalem et particulièrement le Père M.-É. Boismard ont démoli méthodiquement le mythe de l’élaboration des évangiles et des actes des apôtres.
Que nous apprennent ces experts sur l’existence historique de Jésus ? Rien.
Ils nous informent sur les théories de l’élaboration des textes. Plus ils progressent, plus ils nous prouvent l’ampleur du mensonge de la version officielle. Le seul apport des spécialistes, c’est de permettre aux autres spécialistes comme M. Salamito de s’appuyer sur le consensus des spécialistes. Tous les livres, tous les sites où l’on défend la fable de l’historicité de Jésus comportent une phrase telle que : « aucun historien sérieux ne remet en cause, etc. »
Un certain Jésus de Nazareth
Jésus ? Les premiers écrits chrétiens (disent-ils) c’est-à-dire les lettre de Paul parlent essentiellement du Christ (400 occurrences sur les 539 que compte le nouveau testament, et seulement 55 dans les quatre évangiles). Or Paul ne sait rien de Jésus et ne nous cite aucun élément de sa vie.
Les témoignages profanes ? Ils portent essentiellement sur les chrétiens. Le seul dont on ne puisse pas prouver qu’il s’agit d’un faux, et qui cite le nom de Jésus, est le « petit témoignage » de Flavius Josèphe, celui qui parle de « Jacques, frère de Jésus dit le Christ ». De Nazareth ? Le renseignement nous vient des évangiles, pas de l’histoire. Et les versions anciennes, comme le codex de Bèze, témoin du texte occidental ne disent pas « de Nazareth » mais « le nazôréen ».
L’évangile de Matthieu explique pourquoi Joseph, de retour d’Égypte, s’installe à Nazareth : c’est parce que les prophètes ont dit « il sera appelé nazaréen ». Or le texte dit « nazôréen », ce qui désigne un groupe, une secte, et non pas une localité. Alors, que vaut le témoignage de Matthieu, et que vaut son Jésus « de Nazareth » ?
Quant à l’évangile de Jean, il raconte l’épisode du titulus apposé sur la croix : « Jésus de Nazareth, roi des Juifs ». Le plus ancien témoin, le papyrus Bodmer II p66 dit, comme le codex de Bèze : « Jésus le nazôréen ».
Alors, pourquoi continue-t-on à entretenir cette fiction mensongère d’un Jésus de Nazareth ?
D'autant qu’on se demande pourquoi il est dit « de Nazareth », vu qu’il est né à Bethléem, qu’il n’a vécu à Nazareth que pendant son enfance dont on ne sait strictement rien, que les évangiles le font s’installer à Capharnaüm ou le voient itinérant. Et quand il arrive en Judée, il est qualifié de Galiléen, ainsi que son entourage. Quant aux textes, ils disent tour à tour Nazaréen, Naziréen, Nazôréen, alors que de Nazareth se dirait plutôt Nazarénien. Personne ne peut dire encore aujourd’hui d’où provient ce qualificatif, sinon que l’absence de voyelle dans les langues sémitiques peut favoriser l’imagination.
Et dans le mot grec, la quatrième lettre est selon le cas un alpha, un omicron ou un oméga. Ce qui nous laisse penser que ces écrits sont assez tardifs pour qu’on ne sache plus alors ce qu’est un nazôréen.
Parmi les critiques que M. Salamito adresse à M. Onfray, on aussi peut relever la pauvreté de sa documentation. Effectivement, M. Onfray s’est plutôt intéressé à cinq auteurs qui dénonçaient le mythe de l’existence de Jésus, qu’aux habitués des éditions Cerf. Mais malheureusement pour M. Onfray, « aucun des cinq n’est aujourd'hui pris en considération par les spécialistes du Nouveau Testament et des origines chrétiennes ». Autrement dit, les professeurs chrétiens qui enseignent le nouveau testament dans les facultés de théologie de Strasbourg, de Louvain ou de Lausanne n’approuvent pas les écrits de ceux qui contestent l’existence de Jésus. Même quand ils sont issus des rangs de l’église. La belle affaire.
Mais peut-on savoir quels sont les arguments de ces spécialistes (dont M. Salamito fait partie en tant qu’historien, même si par modestie il n’en fait pas mention) ? La liste des réponses et des preuves apportées aux critiques imprudents et impudents est en définitive assez courte.
1) le mépris et la déconsidération de l’auteur
« aucune compréhension, aucune sérénité, une lancinante hostilité combinée avec d’innombrables ignorances. Une prétendue révélation, un persiflage dérisoire...»
Pour faire bonne mesure, on ajoutera de vilains mots : les complotistes, la suspicion systématique, le déni de réalité.
On résout tout avec des mots. Le vrai mythe, c’est la non-existence de Jésus. Ce lynchage de l’auteur ne prouve en rien l’existence historique de Jésus. On retire de la lecture du livre de M. Salamito qu’il a l’air de trouver M. Onfray agaçant. Il serait mieux de parler du fond.
2) l’argument d’autorité sous la forme d’affirmations péremptoires
« La réalité historique du prophète galiléen, admise aujourd’hui par toutes les personnes un peu cultivées » p.14
« Je dois rappeler une évidence : à l’échelle mondiale, l’existence historique de Jésus fait de nos jours l’objet d’un consensus [tant du public que des spécialistes]. p.15. Bart Ehrman par exemple.
« Il n’existe à peu près aucune chance pour que Onfray ou quiconque ait raison à lui seul, ou presque seul, contre toute la communauté scientifique internationale. » p.18 (oui, vous avez bien lu : scientifique).
p.39 : L’existence de Jésus est un minimum, un socle que tous reconnaissent.
M. Salamito oublie d’ajouter qu’elle fait consensus parmi les papes, les évêques et les cardinaux. Donc, contredire l’opinion majoritaire, les historiens et les chercheurs, ce n’est pas rien. Mais que les professeurs d’exégèse ou de nouveau testament des universités catholiques ou luthériennes de Louvain ou de Lausanne soient d’avis que Jésus a existé n’étonnera personne. Les mêmes auraient confirmé il y a cinq siècles que le soleil tournait autour de la Terre, laquelle était plate. Certains qui avaient osé prétendre le contraire ont dû se rétracter ou s’en faire administrer la preuve par le test de la combustion.
Encore aujourd’hui, dans des pays développés, de très nombreux croyants affirment sur la base de la même Bible que le monde a été créé il y a 6000 ans, qu’Adam et Eve sont les parents de l’ensemble de l’humanité, ou que le canyon du Colorado a été formé par le retrait des eaux du déluge.
3) l’utilisation de sources discutables
Cette critique s’adresse directement à M. Onfray. Certes, les auteurs déviants ne sont pas considérés par les spécialistes : Drews, Alfaric, Couchoud, Kryvelev ou Las Vergnas. (Et Loisy, Bultmann…?) Quant à l’utilisation des textes non canoniques, elle n’est pas sérieuse.
Mais en quoi faudrait-il s’interdire d’évoquer les pratiques de l’époque qui révèlent que l’évangile était un genre littéraire ? Que les écrits pseudo-épigraphiques étaient monnaie courante ? Faut-il que les sources utilisées soient préalablement approuvées par le Vatican ?
Bref, toujours pas de preuve.
4) les arguments logiques
p.34 mais alors, ce Jésus qui n’a jamais existé, qui l’a inventé ? Quel extraordinaire génie a bien pu créer… le plus raisonnable et le plus rationnel, c’est d’admettre comme le font tous les spécialistes, etc.
p.38 : aucune source juive ou païenne des premiers siècles ne dénonce un personnage inventé, les épitres sont encore plus anciennes que les évangiles.
Le fait qu’il n’existe pas de consensus pour proposer une alternative ne prouve en rien que la version de l’église est la bonne. Quel génie a pu créer… la même question peut se poser pour toutes les religions. On a longtemps cru que Mithra aussi avait été un personnage historique.
5) il existe des témoins sérieux
Enfin ! À défaut de preuves, il y a des témoins.
Flavius Josèphe témoigne de Jean le Baptiste. Ce n’est pas contesté. Pline et Suétone n’évoquent pas la crucifixion, d’accord, mais c’est oublier Tacite qui cite Jésus crucifié. Et Flavius Josèphe aussi, une fois expurgé de ses additions maladroites. C’est l’avis de John P. Meier, un auteur considérable.
Et ? Non, c’est tout.
M. Salamito oublie de nous dire que de nombreux auteurs du premier siècle, et pas des moindres, ne sont justement pas témoins de Jésus, de ses fidèles et de ses églises. Il oublie de nous dire que les témoignages de Tacite, de Suétone, de Pline ou de Flavius Josèphe n’ont eux-mêmes pas de témoins ultérieurs. Ces textes ont toutes les chances de constituer des fraudes qui ne sont d’ailleurs pas forcément imputables à l’église.
M. Salamito oublie de nous dire que si les adversaires des chrétiens n’ont pas nié l’existence de Jésus, ce n’est pas le cas de nombreux chrétiens, très tôt et pendant plusieurs siècles.
M. Salamito oublie de nous dire que les fraudes ont été innombrables, avec des personnages inventés (pseudo-Justin, pseudo-Clément…), des correspondances inventées (entre Sénèque et Paul, entre Pilate et Tibère), des textes antiques inventés (Odes de Salomon…), des corrections nombreuses et parfois admises par leurs auteurs.
M. Salamito oublie… non, il n’oublie pas, il évite de nous dire, mais il le sait bien.
Oui. Le dossier Jésus est vide. Les « preuves » sont des intimidations, des affirmations, de simples raisonnements et de rares témoignages, tardifs et douteux.
Le consensus des exégètes et des professeurs de nouveau testament, s’appuyant sur des témoignages rares, tardifs et douteux, ne suffit pas à prouver qu’un être humain qui a opéré des miracles contre la nature, des résurrections, n’a pas de père humain ni de grands-parents paternels, a pu réellement exister. Surtout qu’en outre, le même est Fils de Dieu, Dieu lui-même, et actuellement assis au Ciel à la droite du Père.
Le personnage historique de Jésus ? C’est l’évangile de Jean qui en parle le mieux : « et le verbe s’est fait chair, et il a vécu parmi nous. »
Oui, M. Salamito, l’existence historique de Jésus n’est une évidence que pour les exégètes chrétiens, les professeurs de nouveau testament et les militants de la Manif pour tous. Car toute personne qui prend le temps de se pencher un peu sérieusement sur la question (enquête passionnante) arrive à la conclusion que Jésus est un personnage théologique, qui appartient totalement à l’église et en rien à l’histoire.
1) Jean-Marie Salamito – Monsieur Onfray au pays des mythes. Ed. Salvador, 2017